Un peu avant l’automne, j’ai eu la chance de m’envoler pour le Portugal. La finalité de ce voyage organisé par l’Association Nationale des Producteurs de Poire Rocha était de faire découvrir à un groupe de blogueurs, chefs et journalistes de diverses nationalités un petit fruit emblématique du pays qui ne manque pas de qualités et de saveur : la poire Rocha !
La Poire Rocha, fruit emblématique du Portugal !
La poire Rocha, toute une histoire…
Voici 180 ans, Pedro António Rocha cultivait sur sa propriété à Ribeira de Sintra, une variété de poires différentes qu’il offrait volontiers autour de lui, à ses amis. Ces fruits de petite taille à la chair ferme et granuleuse, au coeur petit avec peu de pépins, d’une couleur allant en fonction de sa maturité du vert au jaune tendre avec de petites taches brunes autour du pédoncule, devinrent populaires et se retrouvèrent peu à peu sur de nombreuses tables portugaises. En 1926, ce fruit cultivé dans la partie occidentale du Portugal, reçu la reconnaissance et fut officiellement baptisé Poire Rocha en hommage au propriétaire du verger.
Si son origine est donc identifiée sur la péninsule de Sintra au nord de Lisbonne, c’est plus largement dans l’ouest et, parmi les régions concernées, dans celle de Cadaval qu’aujourd’hui la production de ce fruit emblématique se concentre. D’une saveur douce, sucrée et d’une chair blanche et juteuse, elle est cueillie en août et jusqu’au début du mois de septembre.
La poire Rocha, un produit, une production, une économie…
Bénéficiant du statut de produit d’appellation d’origine protégée (AOP) attribué à l’échelon européen, la culture de la poire Rocha répond donc a des contraintes de délimitations géographiques, de terroir, consignées dans un cahier des charges strict qui vise à protéger et valoriser ce produit « local » comme également les savoir-faire inhérents à sa culture. C’est un fruit traditionnel portugais qui n’a jamais eu besoin d’adaptations génétiques.
Riche de spécificités organoleptiques et édaphiques qui lui confèrent d’excellentes qualités gustatives, la poire Rocha possède également des propriétés de conservation exceptionnelles. Ces dernières contribuent ainsi à faire de cette poire un fruit emblématique du pays et parmi les plus consommer aujourd’hui par les Portugais (en moyenne 6,2 kg par an et par personne). La production est exportée pour 60% à l’étranger, le Brésil accueillant à lui seul un quart de ces exportations. La France est le quatrième consommateur de cette poire portugaise derrière le Maroc et le Royaume Uni.
Source de développement économique, la culture de la poire Rocha compte 500 producteurs et représenterait 4700 emplois selon les estimations de l’Association Nationale de Producteurs de Poires Rocha. Toujours en croissance, la production comme la consommation est soutenue par une démarche européenne de financement (FEDER) par le biais du dispositif COMPETE 2020 afin de poursuivre et soutenir le développement des exportations. Cette démarche vise également à augmenter la visibilité de ce fruit dans d’autres pays par le biais d’opérations de promotion et de communication. Vous avez peut être d’ailleurs vu des panneaux d’affichage présentant la poire Rocha dernièrement en France, une vidéo promotionnelle est également actuellement diffusée sur le Marché de Noël des Tuileries à Paris.
Une chaîne de production, de commercialisation organisée sur et par le territoire…
Regroupés en association (ANP) depuis 1993, les producteurs, les coopératives et les plateformes fruitières de poires Rocha s’organisent et développent leurs propres réseaux et modes de commercialisation. L’association compte 29 membres et représente 86% de la production de poires Rocha au Portugal.
La suite de notre périple nous a permis de découvrir cette partie « production ». C’est dans le village d’Alguber que notre blog trip nous a conduit afin de découvrir la culture, la cueillette de ce fruit. La Quinta da Boavista, est l’une des trois fermes appartenant à la Société Agricole de Cadaval, fondée en 1940 par Zacarias Vivas. Dans cette exploitation familiale, on trouve les plus anciens vergers de poires Rocha qui pour certains datent de 1956 et sont toujours productifs. Nous nous sommes associés un instant à l’activité des cueilleurs au sein du verger. On nous a ainsi expliqué les différentes consignes auxquelles doivent se conformer les cueilleurs afin de garantir une qualité optimale au produit lorsque celui-ci poursuit son parcours avant d’arriver au consommateur. Ainsi aucun fruit tombé, aucune poire gâtée ou abîmée n’est ramassée au risque de se dégrader lors du stockage et de contaminer le reste des fruits cueillis. La fermeté, la consistance et le taux de sucre des poires sont mesurés à l’aide d’outils (pénétromètre et réfractomètre) afin de connaître le degré de maturité.
Cueillies à la main, les poires sont ensuite acheminées vers une centrale fruitière située près d’Obidos. Granfer a été créé en 1986 et produit, stocke, emballe, vend des fruits frais (poires Rocha, pêches, prunes, pommes, nectarines et abricots).
Arrivées sur place, les poires sont triées selon leurs tailles. Elles sont ensuite stockées dans des bacs en plastique avant d’être emballées. Dotées d’une excellente qualité de conservation, les poires Rocha peuvent être stockées pendant plusieurs mois dans des hangars réfrigérés entre 0 et 1° sans qu’elles ne s’altèrent.
La poire Rocha se cuisine…
Si la poire Rocha est un excellent fruit de table, à l’occasion de ce blog trip, nous avons pu également apprécier toute l’étendue des possibilités de cuisiner ce délicieux fruit. En effet, les différents degrés de maturité ainsi que les qualités de fermeté et la saveur du fruit permettent de nombreuses possibilités de cuisson comme également de préparations salées et sucrées (on en reparlera prochainement).
Voici donc un panorama en photos de plats dégustés lors d’agréables déjeuners et dîners (jugez plutôt…) et parfois préparés (car nous avons également eu la chance de participer à une masterclass au coeur du Time Out Market de Lisbonne au cours duquel nous avons cuisiné… La poire Rocha, bien sûr !).
Voici le menu du dîner préparé pour notre première soirée au Restaurant Maria Batala :
- Poire rôtie au fromage de chèvre et noix
- Risotto aux couteaux cuit sur feu de bois
- Poire confite à la liqueur Ginja d’Obidos
Le jour suivant, nous avons déguster un excellent déjeuner à La Quinta da Boavista
- une soupe de poisson
- une volaille aux poires accompagnée d’une purée poire et patate douce
- une poire au vin
Le dîner au restaurant The History Man fut également délicieux, jugez plutôt… :
- Crème de carotte, poire et amandes grillées
- Filet de porc ibérique, poires rôties, épinards et sauce au moscatel (vin doux sucré portugais)
- Coulant au chocolat à la poire
Voici enfin les plats que nous avons préparés et dégustés lors de notre dernier déjeuner à l’occasion de la masterclass au Time Out Market de Lisbonne :
- Salade de Poire Rocha, morceaux de fenouil poêlés, chèvre frais, amandes torréfiées, vinaigre balsamique et huile d’olive.
- Ceviche de thon cuit dans du jus de citron vert, patate douce cuite, tranches d’oignon rouge, purée de poires Rocha et pesto d’herbes fraîches.
- Poire Rocha pochée au vin blanc parfumé au safran, à la cardamome et amandes effilées.
Je vous ai fait saliver ? Tant mieux car demain, vous aurez la suite de mon séjour ! A suivre donc dans le prochain article, les belles adresses testées, la découverte d’Obidos. Stay tuned…
Vous connaissiez déjà la poire Rocha, vous l’avez goûtée ? Racontez-moi…
5 Commentaires
Fabre
22 juin, 2019 at 20 h 23 minJe viens d’en acheter elles sont vraiment très dures . Elles se mangent comme ça ou faut il attendre un peu ? Merci beaucoup
Marc
28 janvier, 2021 at 20 h 03 minBonjour
Que voulez vous, ils les cueillent vertes, alors….Rien ne remplace quelques jours de soleil………..
Marc
Chris
1 février, 2021 at 19 h 18 minC’est loin d’être une généralité, car celles que je trouve sont plutôt bonnes mais tout dépend effectivement de la maturité du fruit sur l’étalage (cela n’est-il pas valable pour tous les fruits et légumes ?). Pour avoir suivi attentivement les explications lors de ce blogtrip, ce sont particulièrement les qualités de conservation de ces poires qui ont justement fait leur popularité…
Lili
20 janvier, 2019 at 20 h 53 minQuelle belle invitation au voyage, je suis sous le charme biz
Clementine Tangerine
9 décembre, 2018 at 15 h 35 minÇa sent bon le soleil… et les fruits frais. ❤ (Et ça fait du bien, avec le temps que l’on a en ce moment.)
Et alors, la poire rôtie au fromage de chèvre… Comment dire ? Elle me fait saliver celle-ci. Miam !
Je ne suis pas certaine d’en avoir déjà mangé. Il faut que je fasse plus attention la prochaine fois qu’on ira faire les courses.